"Louis Soutter, une modernité brute" / codirection UNIL Lausanne et New York University, New York, Etats-Unis.

Louis Soutter, une modernité brute interroge l’assimilation de l’œuvre picturale du dessinateur et violoniste interprète vaudois, Louis Soutter (1871 - 1942), à l’Art Brut.

Cette assimilation, induisant que cette dernière serait dénuée de tout projet pictural, de toute construction et de tout bagage culturel, limite le sens et la portée de cette œuvre.

Par ailleurs, cette assimilation a influencé sa biographie, transformant certains épisodes anodins de la vie de l’artiste en symptômes d’une prétendue folie.

Un événement marquant la période la plus prolifique de son œuvre contribue à cette assimilation : le démantèlement de la soixantaine de cahiers, dans lesquels Soutter dessinait et écrivait de 1923 à 1930, après sa mort en 1942. Ce démantèlement, réalisé sans la numérotation des 2000 pages constituant ces cahiers, a détruit irrémédiablement l’ordonnancement initial entre les dessins et l’attribution de certains titres originaux.

De plus, depuis quelques années, la profusion de faux dessins, conséquente à un marché de l’Art Brut en hausse, participe à fragiliser la cohérence initiale du développement de cette œuvre déjà éprouvée.

Afin d’assurer la juste connaissance de cette œuvre et sa pérennité, il est devenu aujourd’hui nécessaire de non seulement questionner ses modes de développement dans le contexte culturel de son époque, mais également de mesurer l’impact de son langage sur l’histoire des formes.

Pour ce faire, plusieurs recherches, utilisant les techniques d’analyses scientifiques et neurologiques actuelles, et les technologies numériques, vont être menées en vue notamment de reconstituer les cahiers de Soutter et d’apporter une certification autre que stylistique, celle-ci n’étant plus assez fiable pour distinguer les vrais dessins de l’artiste des faux.