Musicologie Titre provisoire : Comme Si, comme Za : l'implantation de la solmisation heptacordale en France au XVIIème siècle

Cette thèse de doctorat a pour but d'étudier l'implantation de la septième syllabe de solmisation en France au XVIIème siècle, c'est-à-dire le passage de la théorie et de la pratique des hexacordes et des muances à celles de la « gamme du Si », heptacordale, aussi appelée « gamme française ».

La « Methode facile pour apprendre à chanter la musique, par un maistre celebre de Paris », publiée par Ballard en 1666 marque un tournant ; c'est le premier ouvrage imprimé en France à recommander expressément l'utilisation d'une septième syllabe de solmisation. Très vite, la gamme du Si s'impose comme la nouvelle norme dans la littérature musicale (traités, méthodes, préfaces, etc). Pourtant, des propositions de solmisations heptacordales sont documentées en Europe depuis la fin du XVIème siècle.

Quel a été le cheminement de ces idées et pratiques jusqu'à leur intégration dans la « doxa » théorique, leur passage de la marge à la norme ? Des sources issues de milieux divers permettent d'entrevoir certains jalons et de mettre en lumière la diversité des propositions ainsi que leurs promoteurs (ou détracteurs) : l'entourage scientifique de Marin Mersenne d'abord, avec son correspondant Christophe De Villiers, médecin à Sens, le maître écrivain Gilles Granjean et l'ingénieur Jean Le Maire. Les sphères religieuses ensuite, avec les psautiers huguenots édités par Antoine Lardenois dans les années 1650, ou les avis partagés des bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur à la même époque. Les postes clés de la vie musicale française enfin, avec d'une part les résistances à la nouveauté d'Artus Aux-Cousteaux à la Sainte-Chapelle, contrebalancées d'autre part à la Chapelle Royale par l'enseignement progressiste de Thomas Gobert et Henry Du Mont, ou encore de Valentin de Bournonville à Notre-Dame de Paris.