La fabrique du disegno : Francesco Salviati dessinateur

Si la lecture des traités artistiques du XVIe siècle pourrait donner le sentiment d’une conception simple, claire et univoque du disegno, la réalité se révèle d’une complexité et d’une diversité bien différentes. Plus que la simple traduction de la pensée artistique, le disegno s’inscrit comme un élément au centre de la pratique artistique et aux multiples fonctions. Cette thèse propose d’aborder les pôles théoriques et pratiques du disegno sous une lumière nouvelle, étudiés non plus séparément mais de façon complémentaire, en les mettant à l’épreuve de l’œuvre graphique de l’un de ses plus célèbres praticiens : Francesco Salviati (1510-1563). Contre ou à côté des idées vasariennes, il s’agira de procéder à une révision complète de la notion en effectuant une étude sémantique du terme et de son réseau connexe terme au sein des traités du XVIe siècle mais aussi d’autres types de textes, moins normatifs et plus pragmatiques. Cette définition théorique sera ensuite confrontée à sa mise en pratique, par l’étude génétique des dessins de Salviati. En retraçant ses méthodes et ses stratégies, cette investigation cherchera à restituer à son œuvre et aux pratiques du disegno qu’il implique leurs dynamiques et leur variété, jusque-là négligées par l’historiographie. Ce projet permettra ainsi de repenser le rôle du dessin en tant que laboratoire de création et d’expérimentation, mais aussi outil de préparation, d’apprentissage et de transmission, au cœur du fonctionnement de l’atelier.